17 Août 2016
Emblématique de la ville de Sète, le bibi est un appât destiné aux beaux poissons et plus particulièrement à la dorade. Tout pêcheur de dorade devrait avoir des bibis avec lui à la belle saison.
Nom scientifique : Sipunculus nudus
Le bibi, de son vrai nom "siponcle nu", est un appât très connu des pêcheurs de dorade qui appartient à la famille des "siponcles".
Plutôt placide, dépourvu de crochets, le bibi est un ver non annelé doté d'une une peau épaisse qui en fait une esche très résistante à l'hameçon.
On trouve dans le commerce deux variétés de bibi : le bibi local de méditerranée (appelé souvent "bibi de Sète") et le bibi d'élevage provenant majoritairement d’Asie.
Le bibi d'élevage, de couleur gris clair à rose, est vendu en boite de plusieurs individus. Le nombre de vers par boite dépend de leurs calibre.
L'espèce locale (photo ci-dessous) est de couleur beige à brune. Il vit enfoui dans le sable, en mer et dans les étangs. il est assez rare d'en rencontrer en mer bien qu'il me soit arrivé d'en trouver lorsque je ramassais des couteaux. La plupart des individus vendus dans les boutiques proviennent des étangs. Plus robuste que le bibi asiatique, le bibi de méditerranée est aussi plus cher. Il est vendu à l'unité et son prix varie selon sa taille.
Le meilleur moyen de récolter des bibis (en grand nombre) est d'aller chiner parmi les rejets d'un coup de mer. Il arrive en effet que la mer les dépose par centaines à la suite d'une tempête. Il vous faudra un peu de chance pour tomber au bon endroit et surtout arriver avant les goelands !
Vous pouvez tenter votre chance en plongeant et en ventilant le sable à la main ou en utilisant une fourche-bêche. La présence de bibi est habituellement marquée par un petit cratère à la surface du sable. En Languedoc, il est plus fréquent que ces cratères soient causés par les couteaux, il est donc assez difficile de repérer les bons coins à bibi.
La plupart des ramasseurs professionnels prospectent les étangs. Le Midi Libre a d'ailleurs écrit un bel article à ce sujet que vous trouverez ici. Toutefois, les populations de bibi ont fortement diminué depuis plusieurs années, entrainant la hausse des prix de cet appât.
Vous conserverez facilement quelques bibis pendant 4 à 5 jours dans leur boite d'origine et jusqu'à 10-15 jours dans une boite plus grande avec une litière de sable humide.
Assurez vous que les bibis ne soient pas trop à l'étroit et changez de boite en cas de doute. Les boites en polystyrène utilisées pour commercialiser des vers de sable ont un format idéal pour conserver jusqu'à une dizaine bibis de taille "M".
Bien entendu, il faudra veiller à les conserver à bonne température. Une cave à vin, même de petite taille vous permettra de maintenir une température idéale de 13 à 16 degrés.
A défaut de cave à vin, placez votre boite de bibis dans la zone la moins froide de votre réfrigérateur. Sur mon réfrigérateur, l'étagère la plus haute est à 7-8°C et me permet de garder les bibis pendant une semaine avec peu de pertes.
Pour une conservation à long terme, un seau d'eau de mer placé dans la cave à vin avec un aérateur (bulleur) vous permettra de garder vos bibis pendant de longues semaines. Mon ami Alex parvient à les conserver ainsi plus de 4 mois.
Pour cela, pensez à changer l'eau régulièrement si vous n'êtes pas équipés de systèmes de filtration d'aquariophilie comme un écumeur. Soyez vigilant à la température, le bibi n'apprécie pas les chocs thermiques.
La conservation au bulleur est assez aléatoire. Certaines fois je n'ai aucun mal à les maintenir en vie pendant plus de trois semaines et d'autres fois ils meurent les uns après les autres sans que je ne parvienne à stabiliser la situation.
Le bibi est un très bon appât pour la dorade de juillet à octobre et pour le loup (bar) de novembre à février.
D’une manière générale, le bibi séduira plus facilement la dorade et le sar (sur coup de mer) que le marbré. Toutefois, il peut vous arriver de prendre un marbré au bibi car tous les sparidés s’y intéressent. Les plus beaux spécimens sont souvent les premiers à prendre l’appât.
Le bibi est difficile à utiliser entier (vivant) lorsque l’on pêche à longue distance. Malgré toutes les précautions, le ver finit toujours par se ratatiner sur l’hameçon sous la puissance du lancer.
A longue distance il est préférable de pêcher avec un bibi découpé et ligoté au fil de latex pour un meilleur maintient de l'appât. Réservez l'usage de vers entiers pour les pêches de proximité comme la pêche depuis les digues ou la pêche de bordure en surf léger.
Il existe plusieurs manières d'escher un bibi pour le présenter à l'hameçon, chaque méthode présentant ses avantages et ses inconvénients.
Les bibis de petites et moyennes tailles peuvent être présentés entiers et vivants. La difficulté réside alors dans le fait d'enfiler l'appât sur l'hameçon sans qu'il ne se perce et ne se vide de ses fluides.
Vous pouvez tenter de l'enfiler sur une aiguille creuse de gros diamètre (1.2 à 2mm) puis de le faire glisser sur l'hameçon comme les autres vers mais bien souvent le passage de l'arrondi de l'hameçon et de son œillet (ou de la palette) endommage l'appât, surtout lorsque celui-ci s'est contracté.
Pour contourner le problème, vous pouvez procéder autrement en faisant passer uniquement le fil de votre bas de ligne au travers du bibi. Vous aurez besoin pour cela d'une aiguille creuse ou d'une aiguille à chas :
Avantage : Le bibi reste vivant et ses contorsions dans l'eau peuvent attirer le poisson. | Inconvénient : Bien souvent, l'hameçon crève le bibi lorsque l'on pratique un lancer puissant. Mieux vaut pêcher léger à courte distance. |
Pour les bibis de grosse taille et/ou les bibis décongelés dont il ne reste que la peau, je vous propose une autre manière d'escher l'appât, populaire chez nos voisins ibériques.
La méthode consiste à n'utiliser que la peau du bibi après l'avoir vidé. La peau est alors retournée de sorte à présenter la face intérieure et les viscères de l'animal pour accroitre l'attractivité de l'appât.
Vous pouvez procéder en découpant l'extrémité du bibi pour le retourner commune chaussette, ou bien en découpant entièrement la peau afin de l'enrouler sur une aguille creuse de gros diamètre. Dans les deux cas, il sera nécessaire de ficeler la peau avec du fil de latex avant la faire glisser sur l'hameçon.
Avantage : L'appât tient très bien à l'hameçon, résistant ainsi à plusieurs lancers puissants. Les touches ratées sont également moins nombreuses. | Inconvénient : La présentation retournée semble un peu moins attractive qu'un bibi vivant par moment. |