22 Mars 2020
Particularité dans le paysage européen du surfcasting, la Diamond Vanadium est une très belle canne au caractère bien trempé. Voici mes impressions sur ce modèle un peu atypique qui a rejoint mon fourreau en 2019.
Diamond est une marque française de cannes de surfcasting qui se positionne sur le marché du matériel haut de gamme.
Conçue par Denis Mourizard, la première série de cannes de la marque affiche clairement l’ambition de séduire les pêcheurs passionnés en quête d’exclusivité et de performance.
Diamond a travaillé les blanks de ses cannes pour optimiser les performances de lancer, et ce même avec des techniques de lancer simples comme le lancer par dessus la tête.
Entendons nous bien, les cannes Diamond ne sont pas destinées aux pêcheurs débutants. Bien qu’elles aient été conçues pour restituer un maximum d'énergie au lancer, ces cannes ne sont pas dociles pour autant. Il s’agit de modèles puissants qui demandent un peu de technique pour parvenir à les exploiter convenablement.
Outre un travail important sur la composition et la géométrie des blanks, la marque se distingue également par un souci aigu de l’esthétique et de la qualité de finition.
Après le lancement de la Césium (fleuron de la marque) Diamond a introduit un modèle plus accessible : la « Vanadium ».
La série Diamond Vanadium compte deux modèles de blanks de puissances et longueurs différentes :
Chaque modèle est ensuite proposé en deux déclinaisons :
La marque propose donc un total de 4 cannes Vanadium :
J’attire votre attention sur la puissance annoncée des cannes qui peut laisser perplexe au premier abord, surtout le modèle 420 Match de puissance 80-175g. Contrairement à la majorité des cannes modernes dont la puissance maximale est (très) largement surévaluée, Diamond affiche ici la plage de puissance réelle de ses blanks. Autrement dit, La Vanadium 420 Match (80-175g) offre une plage de puissance équivalente ou supérieure à la plupart des cannes 100-250g du marché.
Modèle | Puissance | Poids | Anneaux | Encombrement | Porte Moulinet |
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420 Match KR | 80-175g | 575g | Fuji KW Alconite | 148cm | DPS inversé |
420 Match LR | 80-175g | 506g | Fuji LR Alconite | 148cm | NS7 Titane |
Modèle | Puissance | Poids | Anneaux | Encomb. | Porte Moulinet |
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450 PowerMatch KR | 80-220g | 628g | Fuji KW Alconite | 158cm | DPS inversé |
450 PowerMatch LR | 80-220g | 570g | Fuji LR Alconite | 158cm | NS7 Titane |
Les anneaux qui équipent les blanks sont des Fuji à armature noire et céramique Alconite dont voici les codes fabricants :
Le blank présente une forte conicité, signe que celui-ci possède une grande réserve de puissance.
Le talon de la Vanadium est d'un diamètre moyen de 22.5mm ce qui est légèrement supérieur à la moyenne des cannes modernes. Autre fait étonnant, celui-ci est d’une incroyable légèreté. C’est bien simple, de toutes les cannes de même catégorie que j'ai pu essayer, la Vanadium est celle qui présente le talon le plus léger tout en étant celui de plus fort diamètre.
Le scion tubulaire de la Vanadium est lui aussi de fort diamètre (2.7mm sous l'anneau de tête). Il est robuste, taillé pour les plombs de grosse taille et les lancers pendulaires.
Comme évoqué dans le paragraphe d'introduction de la marque, les finitions esthétiques sont un grand point fort de Diamond. La volonté de donner une touche artistique au produit est incontestable.
Commençons par le talon de la canne qui arbore une magnifique frise sérigraphiée. On continue avec la peinture intégrale de la canne au coloris blanc nacré qui est vraiment du plus bel effet et contraste avec le noir des anneaux et des ligatures.
Le montage de la canne est réalisé avec grand soin. Les anneaux sont fixés avec des ligatures simples au vernis apposé très proprement. Aucune de mes deux cannes ne présente la moindre petite irrégularité sur l'une de ses ligatures, elles sont toutes parfaitement réalisées.
Les emmanchements mâles sont équipés d'un revêtement antidérapant pour mieux déboîter les brins. Un repère d'alignement facilite l'ajustement des brins lors du montage.
Si je devais émettre une petite critique, juste pour le plaisir de pinailler un peu, alors ce serait au sujet des bagues de renfort en métal collées aux niveau des emmanchements femelles. Celles-ci auraient mérité une petite ligature de finition afin d'obtenir une esthétique plus moderne et plus soignée à l'image de tout le reste de la canne. Soyons honnête, il s'agit là d'un détail sans grande importance.
On termine le chapitre des finitions avec la très belle housse 3 poches en nylon. La toile utilisée est épaisse, les coutures sont robustes et les velcros sont vraiment très pratiques. Cela change des housses en tissu fin comme du papier que fournissent d'autres marques (voir par exemple mon article du 28/06/2018). Ici la canne est vraiment bien protégée et le gain de place dans le fourreau est évident.
Le comportement au lancer est véritablement la grande qualité des Vanadiums. Les cannes sont toniques sans être brutales. Elles se montrent un peu plus confortables et plus dociles que mes Teklon Competition (que j'adore). En cela, je trouve la Vanadium plus simple à "apprivoiser" que beaucoup d'autres cannes de même catégorie.
Je n'ai ressenti aucune vibration parasite ni "coup de raquette" pendant mes séances de lancer avec la canne, même quand j'ai pu manquer de fermeté lors du blocage du talon. Le retour (recovery) est rapide mais sans violence.
Comme évoqué un peu plus haut, les cannes de chez Diamond sont des produits plutôt sportifs qui demandent de la technique et une bonne dose d'énergie pour parvenir à exploiter tout leur potentiel. La Vanadium ne fait pas exception. Bien que plus accessible que sa grande sœur (la Césium), la Vanadium requiert une certaine expérience des techniques modernes de lancer pour commencer à faire plier son blank et éprouver les sensations grisantes du lancer. On est ici sur une canne à tendance parabolique avec une belle progressivité qui vous permet de trouver du nerf quasiment tout le long du blank : la canne n'est jamais dure et ne s'écroule jamais non plus, l'énergie qu'elle peut emmagasiner augmente graduellement jusqu'aux limites physiques du lanceur.
On voit très bien sur la photo ci-dessous que le second brin peut emmagasiner plus d'énergie que ce que je parviens à développer. Cintrer la canne demande une très bonne technique de lancer et beaucoup de puissance. Il ne faut pas avoir peur d'appuyer franchement et de monter des plombs lourds, la canne peut supporter de gros lancers et de grosses charges. Les plombs de 170g partent avec une grande facilité, presque sans effort. C'est même un peu déroutant au départ car les cannes ne sont pas très lourdes au regard de la puissance qu'elles peuvent développer.
Voici un petit clip vidéo avec des séquences en vitesse réelle puis en slow motion où vous pourrez voir la canne travailler au lancer.
Les Vanadiums sont globalement agréables à utiliser en action de pêche mais ne sont pas les plus simples à prendre en main. Elles peuvent demander un temps d'adaptation, surtout si (comme moi) vous êtes beaucoup plus habitué aux cannes hybrides qu'aux cannes à scion tubulaire.
J'ai pour habitude de détecter les touches directement au scion de la canne, ayant laissé tomber les écureuils au profit de la méthode espagnole (canne droite, voire légèrement inclinée en arrière). Cette façon de procéder est très efficace à la condition de disposer d'un peu de souplesse dans le scion pour qu'il puisse se courber un peu lorsque l'on tend la ligne. C'est là que les choses se sont compliquées lors de mes premières sorties.
Comme sur beaucoup d'autres cannes puissantes à scion tubulaire, tendre la ligne se révèle parfois délicat avec la Vanadium, la canne ayant la fâcheuse manie de tracter tout plomb qui n'a pas suffisamment de prise sur le fond. Pour contourner le problème il faudra pêcher plus lourd (150g-170g dans l'idéal). Quoi qu'il en soit, vous devrez accepter de pêcher avec un scion qui ne sera quasiment pas mis en tension, ce qui va amoindrir votre capacité à visualiser les touches à retour.
Voici une photo de la Vanadium LR (à droite de l'image) en position de pêche avec un plomb de 135g. Alors que la ligne est tendue, on voit bien que la canne est tellement peu courbée qu'il sera difficile de distinguer une touche retour mais si je tente d'augmenter la tension de la ligne alors la canne tracte le plomb. A l'inverse, le scion de la Surf One (à gauche de l'image) est suffisamment courbé et il sera aisé de constater qu'il se redresse en cas de touche retour.
Soyons clair : le scion de la canne n'est pas sensible et le blank ne résonne pas très bien. La canne absorbe une bonne partie des vibrations transmises par la ligne et on perd en sensation. C'est un peu frustrant au départ mais il faut bien comprendre que cette propriété du blank est aussi à l'origine de tout le confort précédemment évoqué lors de la phase de lancer (pas de coup de raquette, recovery en douceur).
La canne travaille très bien lors des phases de combat avec un beau poisson, mais elle ne procure pas beaucoup de sensation sur les petites prises. Ce n'est pas une grande surprise car la Vanadium joue dans la catégorie des cannes puissantes et on ne peut pas lui reprocher d'être plus à l'aise sur les pêches fortes que les pêches fines.
Le seul petit inconfort ressenti avec la Vanadium se situe au niveau de l'équilibre : la canne a tendance à "piquer du nez" lorsqu’on la tient à l'horizontal. Le talon de la canne étant très léger, tout le poids se retrouve sur les brins supérieurs. En conséquence, la canne "pèse" sur le poignet et le bras du pêcheur qui doit compenser le déséquilibre par la force ou bien en redressant la canne. Là encore ce n'est pas dramatique mais on ne peut s'empêcher de penser que des masselottes dans le talon auraient permis de rectifier l'équilibre de l'ensemble. Dommage que la Vanadium n'en soit pas dotée.
La canne se comporte très bien dans des conditions difficiles de vent et de houle. Impassible, elle ne danse pas sous le vent et hoche très peu la tête sous l'effet des vagues. C'est une canne parfaite pour pêcher les baïnes de l'océan et les coups de mer de méditerranée. Il va sans dire qu'elles ne sont pas vraiment conçues pour les pêches fines et délicates où la sensibilité de la canne et la légèreté de la ligne priment sur la distance de pêche.
En définitive, la Vanadium sera votre meilleure alliée lorsque que la pêche se complique, soit parce qu'il faut pouvoir compter sur des lancers lointains sans risque de se casser le dos (domaine où elle excelle), soit parce que les conditions climatiques vous imposent de pêcher lourd.
Les Vanadiums sont vraiment de très belles cannes, aussi bien pour leur esthétique soignée que pour leurs remarquables performances au lancer.
Ces cannes atypiques n'ont pas beaucoup de rivales sur le marché Européen. Certes il existe quelques modèles aussi puissants mais ils sont généralement lourds et plus difficiles à manier (comme les Teklons).
Très à l'aise dans le vent et le courant, pêcher lourd en 170g ou au grappin lors d'un coup de mer n'est qu'une simple formalité pour ces cannes de caractère. Après un temps d'adaptation et de doute où j'ai envisagé de m'en séparer, j'ai finalement succombé au charme de ces cannes anticonformistes mêlant modernité, design et tradition.
Je le répète une dernière fois, les Vanadiums sont des cannes sportives ! Il faut bien avoir conscience qu'elles ne conviendront pas à tout le monde ni à tous les usages. Elles raviront, à n'en pas douter, les pêcheurs en quête de pêche à longue distance qui possèdent une bonne maîtrise des lancers modernes et ceux qui cultivent une réelle ambition de progresser au lancer.