17 Juillet 2023
Presque capot | Une mauvaise lecture de la météo a suffit à nous donner de faux espoirs. Cela servira de leçon .
20h10 : J'arrive enfin au parking après une interminable course contre la montre depuis le milieu d'après-midi.
Arafet s'est décalé d'une plage vers l'ouest à cause d'un cordon de bouées. Victor est quant à lui quasiment 2 plages plus loin. Je m'installe entre eux deux, la place est large.
Pour la soirée, j'ai prévu de pêcher avec mes Teklon Advantage et ma Teklon Competition 2 personnalisée. Des cannes parfaites pour ce genre de condition : elles sont robustes et puissantes. Lancer un plomb de 185g est une formalité pour ces cannes.
J'ai dans ma glacière des bibis, un ver de chalut, des coques et des chipirons (petits calamars) et des crevettes crues décongelées qu'Arafet voulait essayer. Arafet a pris de son côté des couteaux à nous partager. De toute évidence, nous sommes parés pour une grosse sortie jusqu'au petit matin.
20h50 : Je lance mes trois lignes, l'une avec un montage 2 empiles et un plomb pyramide de 185g, les deux autres en montage trainard avec plomb grappin. J'ai donc quatre hameçons en action, l'un garni d'un bout de ver de chalut, le second équipé d'un bibi, le troisième d'un couteau et enfin le dernier d'un chipiron.
Cela fait longtemps que j'essaye le chipiron et n'ai jamais eu le moindre résultat avec... j'insiste cependant.
21h20 : Mes lignes baignes depuis 40min, j'inspecte mes appâts et constate avec déception qu'ils sont intacts. Toute ce petit monde repart à l'eau aussi vite.
22h30 : Je remonte ma ligne au ver de chalut et trouve un petit sar au bout du fil. Il s'agit du premier poisson de la soirée et sa petite taille me laisse perplexe. Piqué proprement, je le remets à l'eau au plus vite sans prendre la peine de le mesurer car il n'est pas au standard attendu pour la soirée.
A l'œil je dirais qu'il avoisinait la maille (un petit peu plus ou un petit peu moins, cela n'avait aucune importance car je le trouvais trop petit).
22h50 : Arafet et moi faisons le point sur la soirée avec les copains par téléphone. Nous avons attrapé un Sar chacun et... et... et bien c'est tout en fait !
Le Sar d'Arafet est un peu plus gros que le mien mais dans l'ensemble nous restons sur notre faim car notre standard n'est clairement pas atteint. Victor attend toujours sa première prise.
Nous avons à présent un petit peu d’algues sur les lignes mais pour l'instant elles parviennent encore à pêcher. Si la situation empire, il faudra peut-être renoncer.
0h10 : Les conditions de mer ont beaucoup changé et la pêche devient laborieuse. Une fort courant latéral s'est levé et pour ne rien arranger celui-ci charrie des amas d'herbe éparses qui recouvrent aléatoirement nos appâts. Impossible de dire combien de temps nos lignes pêchent proprement, aucun de nous n'a la motivation de remonter et relancer régulièrement ses cannes.
Les appâts quant à eux reviennent systématiquement intacts. Pour tout vous dire, je pêche avec le même couteau depuis le début de la soirée, signe que nos lignes baignent dans une mer vide de toute vie (même pas un crabe).
0h45 : Je tente un petit changement d'appât et remplace mon chipiron par une coque rouge. Je ne pense pas que cela puisse faire la moindre différence mais sait-on jamais.
1h30 : Arafet et moi commençons à discuter de rentrer. C'est un aveux d'abandon, nous n'y croyons plus du tout d'autant plus que la mer a perdu de sa vélocité. Le courant s'est calmé.
2h15 : C'est décidé, je plie boutique dépité et pars rejoindre ma voiture. 30min plus tard Victor m'envoie un SMS alors que j'étais sur la route. Il vient de sauver le capot avec un loup tout juste à la maille.
Le résultat de la soirée est maigre : un seul poisson par pêcheur.
Le lendemain matin, à tête reposé, j'ai finalement compris mon erreur (elle est presque grotesque).
Sur l'instant, grisé par l'envie de pêcher cette mer magnifique, j'ai ignoré certains indices qui auraient dû me me mettre la puce à l'oreille.
Ma plus grosse erreur de la soirée a été de mal lire les prévisions météo, et plus particulièrement les données de houle.
La météo marine affichait une mer totale de 1m10 à 1m20 et une houle de 1m qui m'a laissé penser que l'eau serait brassée et chargée de sable, des conditions très propices à l'activité des poissons comme les loups et les sars. Habituellement, c'est ce qu'il se passe dans ma région en présence d'une mer comme celle-ci.
Toutefois, la houle commençait à se lever seulement quelques heures auparavant (dans l'après-midi) ce qui ne pouvait pas garantir un brassage suffisant de la mer pour que les poissons se mettent en activité.
Arrivé sur place, nous avons trouvé des vagues magnifiques mais translucides, sans aucune trace de sable.
Il y avait très peu d'écume déposée sur la plage, second signe que la mer n'était pas suffisamment brassée. Une écume mousseuse et épaisse (comme du bain moussant) témoigne d'une mer fortement brassée qui a aggloméré des protéines en suspension dans l'eau.
L'absence d'écume peut indiquer que le brassage n'a pas été suffisamment long et/ou suffisamment puissant pour soulever et agglomérer des protéines animales ou végétales. Je ne parle évidemment pas d'une mer polluée, mais d'une mer aussi propre soit-elle de nos jours.
La plage ne présentait aucun rejet : ni algues, ni bois flotté, ni autre cochonnerie.
Il est possible que l'emplacement où vous vous installiez soit relativement propre (sans rejet) mais vous devriez en principe être en mesure de trouver/voir quelques rejets un peu plus loin sur le littoral.
Sans vouloir être totalement catégorique à ce sujet, je dirais simplement que le secteur que j'ai pêché ce jour là généralement présenté des rejets chaque fois que j'y ai réalisé une belle pêche de coup de mer.
L'ensemble des indices que nous avions sous les yeux aurait pu nous informer que les conditions n'étaient pas les plus propices à déclencher l'activité des poissons.
En toute franchise, je ne suis pas convaincu que nous aurions renoncé à tenter le coup car les prévisions météo étaient encourageantes et nous avions acheté nos appâts, mais au moins nous aurions pu être conscient de ce qui nous attendait.
Cela servira de leçon.