6 Mai 2018
Même si leur amplitude est très faible en Méditerranée, les marées jouent un rôle sur la présence des poissons en bord de mer et leur circulation en plage.
Bonjour à tous,
Cet article va sans doute faire sourire les pêcheurs de l'océan ou de la côte nord et pourtant ce n'est pas une plaisanterie.
Oui, il y a bien des marées en Méditerranée ! Même si leur amplitude est faible, ces marées influencent le sens des courants et le comportement des poissons. C'est ce que nous allons voir dans la suite de l'article.
En France métropolitaine nos marées sont de type "semi-diurnes" c'est à dire que la périodicité des marées avoisine la demi-journée, le cycle de marée se produit donc deux fois par jour. Chaque cycle, qui comprend une marée montante et une marée descendante, dure environ 12h25.
On observe quatre périodes dans un cycle de marée :
La marée génère un mouvement des masses d'eau qui se traduit par un courant ascendant ou descendant. Le courant transporte de la nourriture et c'est ce qui intéresse les poissons.
On a coutume de dire que les poissons suivent le sens du courant. Dans les faits les poissons cherchent les zones où se dépose la nourriture que charrie le courant. De notre point de vue de pêcheur, le résultat est le même mais la motivation des poissons est différente et leur comportement peut donc varier en fonction de la nature du fond.
L'étale est une courte période d'environ 20min où le niveau d'eau n'évolue plus et lors de laquelle l'absence de courant de marée est presque totale.
Les marées sont causées par les forces d'attraction qu'exercent la lune et le soleil sur notre planète et sur ses masses d'eau. Les phases de la lune influencent donc directement les horaires des marées et leur amplitude.
On distingue ainsi les marées de vives-eaux à amplitude maximum des marées de mortes-eaux à amplitude minimum. Les vives-eaux sont les marées de grands coefficients qui coïncident avec les phases de pleine lune et de nouvelle lune.
Les vives-eaux s'accompagnent de courants plus puissants que la normale qui déposent une quantité plus généreuse de nourriture sur la côte. L'activité des poissons n'en sera que plus importante.
La marée montante est connue pour être la phase de la marée la plus propice à la pêche en surfcasting en méditerranée. Cela s'explique par le sens du courant de marée qui vient du large et pousse la masse d'eau en direction de la plage. La nourriture transportée par le courant se dépose dans les zones où le fond est plus faible comme les plages et au pied des bancs de sable.
En suivant la même logique on comprend que la marée descendante est plus difficile à pêcher car la nourriture navigue en sens inverse et entraîne les poissons vers le large. Toutefois, si la zone que vous pêchez forme une cuvette entre deux bancs de sable et que vous parvenez à lancer votre ligne au pied du banc de sable le plus loin, alors vous pourrez profiter du passage des poissons à la descente de la marée.
En fin de marée basse les poissons sont très peu actifs en plage, surtout pendant l'étale. Ils se tiennent loin du bord, généralement hors de portée de nos lignes et l'absence de courant réduit leur motivation à se nourrir.
Le sens du courant influence les déplacements des poissons mais sa puissance joue sur leur activité. L'amplitude de la marée se montre donc déterminante dans le niveau d'activité des poissons. Les vives eaux de pleine lune et nouvelle lune sont des périodes habituellement favorables à la pratique de la pêche en raison de l'amplitude remarquable des marées ces jours-là.
Toutes les espèces de poissons ne sont pas actives au même moment de la marée. Si certaines ne semblent pas avoir de préférence, d'autres en revanche se présentent essentiellement pendant des phases bien précises de la marée.
A l'exception des bogues, les sparidés sont très actifs pendant la marée haute. Leur présence en plage est particulièrement remarquée pendant les deux dernières heures de la marée montante et les deux premières heures de la marée descendante.
Les dorades royales et les marbrés se postent au pied des bancs de sable et sur les tombants à la recherche de nourriture déposée par le courant. Les dorades, au comportement plus chasseur et opportuniste, sont très sensibles au sens du courant et s'éloignent avec le reflux alors que les marbrés, fouisseurs, peuvent rester sur une poche de nourriture pendant le reflux. On peut donc réaliser de jolies pêches de marbrés pendant la marée descendante si la zone est suffisamment riche.
Les bogues sont une exception chez les sparidés car ce sont des poissons en perpétuel mouvement et il est possible de tomber sur un banc en pleine marée basse, surtout si la plage est profonde.
A l'image des bogues, les bancs de chinchards naviguent entre deux eaux et on peut les trouver pratiquement à tout instant de la marée.
C'est habituellement de nuit entre deux marées qu'on les pêche, avant l'arrivée des sparidés ou après leur départ car il faut bien admettre qu'on préfère tenter les sparidés lorsqu'ils sont là plutôt que de passer du temps à chercher les chinchards.
A marée basse les jours de grand coefficient, ils se tiennent en général loin de la plage.
Les mulets sont souvent présents entre deux marées pendant la phase ascendante. J'ai besoin d'un peu plus d'observations pour affirmer ou corriger cette allégation car il est très probable que mon constat ne soit qu'une coïncidence avec l'horaire de présence des mulets.
Les mulets sont en effet présents en bordure de plage en fin de journée et au lever du jour. A ces heures-là nous avons tendance à nous focaliser sur les mulets si la marée n'est pas encore dans sa phase la plus favorable pour pêcher les sparidés. Il est donc possible que les jours où la marée était haute entre 18h et 20h je me sois concentré sur la pêche des dorades sans prêter attention aux mulets et cela remettrait alors en question mon observation.
Quand on pêche en plage de nuit, les congres annoncent généralement l'étale de basse mer et la fin de la sortie pêche.
A marée basse (la nuit) les congres sont souvent les seuls poissons encore actifs. Si vous aimez les pêcher alors tant mieux, sinon vous pouvez ranger votre matériel car il y a peu de chance d'attraper autre chose avant le petit matin.
Poisson chasseur mais surtout grand opportuniste, le loup privilégie l'apport de nourriture facile. Il est actif en plage en présence de courant soutenu et d'une mer agitée, peu importe le sens de la marée !
Inutile donc de chercher à comprendre quelle marée est la meilleure pour le loup, si la mer n'est pas agitée vos résultats resteront incertains.
J'espère que cet article vous aura permis de comprendre comment les marées influencent l'activité des poissons.
Ceci est une approche un peu théorique de la réalité et vous rencontrerez sans doute des situations qui ne collent pas avec les généralités présentées ici. J’ai moi-même des souvenirs de sorties où l’activité a été aussi intense par marée basse que par marée haute (soirs de pleine lune).
Gardez à l'esprit que l'influence de la marée sur les poissons est significative par temps calme mais que tout est remis en question lors des coups de mer.
A très bientôt pour de nouveaux articles.